Ce manga européen, riche en émotions, nous conte l'histoire d'une jeune lycéenne, avec certes des soucis un peu plus particuliers que la normale, mais qui reste fragile et rêveuse. La scénariste (une française) a voulu mettre l'accent sur la société japonaise avec ses "mauvais côtés", comme les brimades ou la mise à l'écart. Le fait que l'histoire se déroule au Japon peut d'abord faire penser à une "pâle" copie de manga, mais c'est tout autre. En effet, nul doute que les problèmes de la société en ce qui concerne l'importance du groupe et l'effacement du "soi" sont particulièrement observés dans le pays du Soleil levant, d'où la facilité à faire ressortir ce côté sombre de la société. Vous l'aurez compris, Kairi est, avant d'être une comédie sentimentale ou drame, une réflexion sur la société moderne, en prenant l'exemple du Japon. L'histoire semble peu originale donc, puisqu'il existe déjà un bon nombre d'oeuvres qui traitent de ce sujet ma foi délicat. Nous citerons entre autres GTO, Vitamin, ou Happy Tomorrow (citées par la scénariste elle-même). Mais ce qui fait le charme de ce manga, outre une histoire qui vous donnera la larme à l'oeil, c'est le graphisme. Réalisé par Jalina Görrissen (d'origine espagnole), ils sont d'une finesse remarquable. Dès les premières pages, nous sommes subjugués par la qualité des dessins qui nous rappelle le "style japonais". De plus, le découpage permet une lecture fluide du récit, même si on pourrait lui reprocher d'être trop "carré". En guise de bonus dans la version album (ou version reliée), la scénariste nous propose les fiches personnages, puis un petit récit sur la naissance de Kairi, suivi d'un rapport détaillé de son voyage au Japon (qui vous donne bien envie), et enfin un dossier complet sur un fait de société au Japon : l'Ijimé.