Croisement improbable entre un caniche et un nuage, Pilou, adorable petite créature extra-terrestre, apprend un beau jour la vérité sur son effroyable naissance. Une découverte qui le plonge dans une grave dépression et qui le pousse à quitter la planète Princesse Kotobuki pour la Terre…

Pilou n’a en effet qu’une seule idée en tête : rencontrer le grand amour et fonder une famille, des rêves qu’il entend bien réaliser sur une planète connue pour accepter toutes les différences. Mais l’extra-terrestre est loin d’être au bout de ses surprises et fait la rencontre des personnages plus fous les uns que les autres.

Apprentie chanteuse dépressive, chef sushi aux secrets inavouables, sirènes esseulées à l’histoire tragique sans oublier deux étudiantes adeptes de l’échange de corps, c’est toute la force de l’imagination de Junko Mizuno qui est une fois de plus à l’œuvre dans un conte aussi drôle que cruel.

Ne vous fiez pas au titre Pilou, l'apprenti gigolo, vous n'avez pas affaire à un manga tendancieux ! Pilou est plutôt un véritable ovni, qui représente bien le style décalé de Junko Mizuno.

Pilou est une étrange petite créature qui ressemble à un nuage ambulant, ou à un caniche. Il vit sur une planète uniquement peuplée de jolies jeunes filles (nues), mais est considéré comme l'un de leurs semblables. Jusqu'au jour où l'une d'elles a un bébé. Pilou apprend alors comment se forment les enfants... et par là même qu'il est en réalité un morceau de cadavre !

Pilou, aidé par son ami l'hippopotame carnivore, part alors sur la Terre dans un but précis : trouver l'amour et avoir lui aussi un bébé !

Le ton est donné. Entre kawaii et glauque, poésie et morbide, chaque chapitre livre les étapes du parcours de Pilou. Ce dernier est bien malheureux dans ses amours ; il ne tombe amoureux que des plus jolies filles, alors que sa compagne la plus vraisemblable serait plutôt...une caniche.

Un décalage entre ses aspirations et la réalité se crée. Pilou, sur Terre, fréquente des univers poussiéreux et corrompus, remplis de personnages fantasmagoriques et dévergondés qui sont eux mêmes sous l'emprise de leurs propres obsessions macabres.

Graphiquement, l'oeuvre est une réussite. Le dessin tout autant que l'univers de Junko Mizuno sont aussitôt identifiables par le lecteur. Psychédélique, acidulé, doux-amer sont autant de qualificatifs pertinents pour tenter de décrire son style. Le dessin tranche radicalement avec le propos, ce qui constitue un atout pour cette oeuvre atypique et marginale.