Tout le monde le sait, le point fort de Baki n’est pas son scénario mais plutôt son extrême folie, sa liberté sans limites et son aspect OTT (Over The Top). Alors, pour l’apprécier à sa juste valeur, il faut savoir le prendre au second degré, ainsi les carences de l’histoire « disparaîtront » au profit d’une lecture drôle, déchaînée et totalement folle, et la gratuité dégagée de la majorité des pages se changera vite en exagération et détournement de nombreux stéréotypes du genre. Ce shônen manga ne se prend pas du tout au sérieux. L’auteur non plus d’ailleurs, il cherche simplement à s’amuser et à divertir ses lecteurs à l’aide d’un thème rebattu mais toujours efficace : les tournois et les combats qui les composent. Finalement, Itagaki Keisuke fait preuve de beaucoup de créativité, d’extravagance et arrive tout simplement à nous faire adhérer à ce délire complet qui se révèle franchement prenant tant il est dynamique et sans temps mort.
Graphiquement (comme sur les autres points, d’ailleurs), ce titre ne bouge pas et reste égal à lui-même, c’est-à -dire très exagéré, vivant, percutant et étonnant. Les pages dégoulinent de violence et de sueur; le dessin arrive souvent à nous mettre mal à l’aise et le seul défaut que l’on pourrait trouver au niveau graphique – outre la difficulté qu’éprouveront certains à accepter un coup de crayon si détaillé et sec – est l’utilisation trop présente des trames, ce qui confère à certains passages une légère impression de froideur.
Les prisonniers commettent des massacres à profusion. Ils n’ont pas de cœur, pas une once de bonté et ne vivent que dans l’attente d’affrontements vibrants. Bref, les « méchants sont très méchants ». Il semblerait qu’Itagaki ait fait preuve de manichéisme dans la construction de son œuvre, néanmoins, du côté des « good guys », il n’y a pas que des tendres… Bien au contraire même ! Les divers personnages ont beau ne pas être particulièrement intéressants, complexes ni travaillés, ils remplissent tout de même relativement bien leur rôle : ils divertissent et choquent, combat après combat.
Fou, exubérant, outrancier, excessif, kitsch, déstabilisant, j’en passe et des meilleurs… Tout cela pour dire que Baki est une BD éminemment originale, en marge de la production habituelle (dans son pays d’origine comme en France) avec laquelle il faut savoir se défaire de la première impression afin de l’apprécier à sa juste valeur. Et seulement à ce moment-là , vous commencerez à comprendre les raisons de son succès au Japon.
Toujours aussi outrancier, inintelligent et gratuit pris au premier degré, Baki (New Grappler Baki, de son vrai nom) prend toute son ampleur lu au second degré (voire même à un degré plus élevé…) et s’avère plutôt tordant, déjanté et bien divertissant. Un choix audacieux de la part d’Akata / Delcourt que de l’éditer dans nos contrées, espérons que le titre saura conserver son « intérêt » sur la longueur. En tout cas, pour l’instant c’est bel et bien de la folie pure et non-stop pendant près de deux cent pages. Alors accrochez-vous ! Baki © by Itagaki Keisuke / Akita Publishing Co., Ltd., Tôkyô.