Scénario

Le scénario s’attarde un peu plus dans ce tome-ci et on n’échappe pas à certaines scènes qui peuvent s’avérer un peu lourdes. Masami Tsuda interrompt assez souvent la scène en cours pour plonger au sein de la psychologie de son personnage. Ainsi on reste centré pendant une bonne partie du tome sur le problème lié aux les profs. Néanmoins la pilule passe sans nous ennuyer même si l’idée de base semble se perdre un peu. Masami Tsuda sait bien quelle direction elle prend et ne s’éparpille pas et de ce fait maîtrise très bien sa narration. Elle va droit au but et le scénario s’avère donc très plaisant à suivre et apporte toujours cette touche de fraîcheur, notamment grâce à son humour communicatif, et cela malgré l’âge du manga.

Graphisme

Le défaut du manga, de nombreux vides nous donnent une impression de fainéantise au sein du travail de Masami Tsuda. A cela s’ajoute un trait plus que classique et un dessin qui accuse l’âge. Néanmoins l’ensemble colle bien avec le message que fait passer l’auteur car le travail reste soigné dans un registre bien mieux travaillé que celui d’un certain Togashi.

Ambiance

On a ici un shojo bien agréable et bien rythmé grâce à un humour léger jouant sur la mise en scène et le traitement comique de ses personnages en SD. On garde bien sûr la mise en avant des personnages dans un cadre très romantique mais qui évite toute niaiserie. A cela s’ajoute l’ambiance scolaire qui prend et garde un place importante au sein de l’intrigue. Cela se renforce avec l’implication des enseignants dans la vie du jeune couple et la convocation des parents. Masami Tsuda met sa critique du monde scolaire plus avant ici et le prix que certains japonais peuvent donner à la réussite sociale.

Personnages

Ici tout reste encore centré essentiellement sur les deux héros. Le personnage d’Asaba continue à se montrer mais apparaît dans ce tome-ci comme un faire-valoir qui renforce l’ambiance comique du manga. On découvre quand même un peu plus les parents de Miyazawa, qui ne manqueront pas d’étonner leur fille, et ceux d’Arima mais dans un registre bien moins développé. Dans l’ensemble on continue encore à suivre l’évolution de la relation des deux héros qui continuent à se découvrir. On remarquera quand même que Arima est cette fois-ci plus laissé de côté, l’auteur se penchant plus sur Miyazawa en continuant à revenir sur le caractère égocentrique de son héroïne. Même si on n’apprend pas grand-chose sur eux, leur caractère bien trempé, allumé mais surtout recherché les rend profondément attachants.

Originalité

L’originalité de ce manga vient du fait qu’ici on ne traite pas d’une jeune fille qui recherche l’amour tel une combattante à la recherche du Graal mais d’un couple d’amoureux qui se forme et qui va apprendre à se connaître et évoluer. Ici on ne cherche pas à faire pleurer ou attirer la compassion autour d’une héroïne ingénue, surtout que celle-ci est très loin de ce cliché du shojo manga, mais à explorer d’une manière habile l’évolution du sentiment amoureux de Miyazawa mais aussi de Arima. Il ne faut donc pas se fier à l’impression que peut donner ce manga car dans le fond, que ce soit l’histoire, son développement et surtout ses personnages, tout cela échappe aux canons du genre, Masami Tsuda se plaisant même à certaines occasions à critiquer les clichés.

« Elle et Lui » est un shojo humoristique, voir même délirant qui malgré son côté vieillot n’est toujours pas démodé. Ajoutons à cela un scénario bien construit et très bien maîtrisé, basé avant tout sur la psychologie de ses personnages principaux et on obtient une œuvre de grande qualité qui n’en demeure pas moins un classique du shojo manga (chez nous du moins car c’est déjà le cas au Japon). On n'attend donc d'autant plus la suite qui si elle semble partir sur une idée classique risque bien de prendre une voie inattendue et sans aucun doute délirante.