Scénario

Le scénario avance bien peu de tome en tome, on a souvent droit à des scènes qui ont un arrière goût de déjà vu. Miyuki Kitagawa préserve ce ton très lent pour pouvoir étendre au maximum les scènes de retrouvailles entre Yoshiki et sa soeur. Si certaines vont apprécier cet étalage de sentiments et ces nombreuses pensées (assimilables à du psychotage), d'autres risquent de trouver cela bien monotone... on est quand même loin d'un shojo ayant une trame scénaristique basée sur de l'action comme un Ayashino Ceres.

Graphisme

Le trait de Miyuri Kitagawa manque encore de maturité. Son style très classique ne l'aidant pas, ses dessins sont en terme de qualité un peu hétérogènes allant du très bon à du très moyen. Cependant sa façon de mettre en scène est fluide et intéressante, la lecture est guidée et l'essentiel est bien mis en avant, au détriment des décors très lacunaires.

Ambiance

Le niveau d'imprégnation à Forbidden love dépendra de l'expérience du lecteur, car on a là un shojo de bonne qualité certes mais très classique, aussi on ne peut pas dire que l'on trépigne de surprise pages après pages. Mais la mangaka arrive quand même à faire passer les sentiments de ses personnages principaux et même si l'on n'est pas totalement absorbé lors de la lecture, on peut aisément avouer que l'on tourne chaque page pour voir quel malheur va encore pouvoir frapper notre couple interdit. Une ambiance dramatique donc qui pèse de moins en moins lourdement sur les personnages et sur le lecteur, ce tome 3 nous laisse un répit ;)

Personnages

Les personnages sont les pilliers d'un shojo, mais plus que des pilliers, dans Forbidden Love, c'est l'édifice tout entier ! Le manque de scénario reporte de manière évidente l'attention du lecteur sur les personnages et après quelques volumes, le verdict est assez sévère...
Kazumi a l'avantage de vivre avec son temps, femme (japonaise) actuelle avec ses qualités et ses defauts, elle est loin du cliché sainte nitouche d'un Amakusa. La mangaka nous sert un personnage réaliste dans ses réactions, travaillée et crédible, elle est vraiment l'élément central de cette série : le personnage auquel le lecteur s'identifie par excellence. Yoshiki est, lui, beaucoup moins crédible, super doué, tout lui réussit et sa vie s'assimile rapidement à un conte de fée. Le prince charmant du shojo, le stéréotype du beau gosse tellement parfait qu'il ne peut exister en dehors d'un manga. Et cet aspect de perfection comme son art de faire toujours ce qu'il faut exactement quand il le faut, se souciant peu des conséquences le rend de moins en moins réaliste à chaque chapitre lu. Dommage.

Originalité

L'originalité est très relative dans Forbidden love. Un amour interdit entre frère et soeur... c'est vrai que depuis le très connu (et reconnu) Angel sanctuary, c'est un sujet sensible, toute mangaka qui s'y attaque se risque à des comparaisons un peu rapide de la part des méchants chroniqueurs. Mais Forbidden love se démarque un peu de ces références en approfondissant les relations entre le couple et les critiques des autres, au lieu de fuir, Miyuki nous présente des personnages qui ont choisi d'affronter les conséquences... c'est intéressant, affaire à suivre.

Forbidden love est un shojo tout ce qu'il y a de plus traditionnel qui a tout misé sur les relations entre ses personnages, quitte à délaisser le scénario. Un shojo irrémédiablement destiné aux filles tant le lecteur masculin ne peut s'identifier à rien ... la gente masculine étant idéalisée au possible dans ce manga.