Machiavélique et très bien maîtrisé, Kaori Yuki nous dépeint plusieurs petites histoires à l'image de la précédente série mais très vite on y découvre un fil directeur qui commence de plus en plus à prendre place. Le scénario réussit parfaitement à contenter aussi bien le lecteur assidu que celui qui découvre cet univers. Kaori Yuki rappelle en effet les bases qu'avaient posé la première série sans alourdir ses histoires. Inventif, sombre et même dérangeant, le scénario est teinté de cette même référence aux contes de Mother Goose (contes de ma mère l’oye) auxquels Yuki y ajoute sa touche noire et gothique. Si l'intérêt demeure inégal d'une histoire à l'autre, l'ensemble est prenant et promet une suite plus profonde et passionnante encore.
Un dessin magnifique qui a bénéficié de l'expérience de Kaori Yuki sur Angel Sanctuary. Si entre les deux séries, la différence ne semble pas être flagrante, le graphisme a fait un grand bond en avant quand on regarde la première série. On reste dans le style shojo mais avec la sublime touche de Yuki en particulier dans les gros plans. On dénotera seulement une petite inégalité au niveau des décors qui alternent entre saturations et vide. On dénotera toujours aussi cette faiblesse de l’auteur lorsqu’il s’agit de mettre en avant une scène d’action. Le reste n’en demeure pas moins splendide, que ce soit les personnages ou la mise en situation avec ses petits défauts qui ne gênent en rien le graphisme. Après, on peut ne pas aimer le style de Kaori Yuki mais le travail fournit est de grande qualité particulièrement pour un manga du genre.
L'ambiance n'a pas changé et reste la force de l'oeuvre. On retrouve l'ambiance gothique de l'Angleterre au XIXème siècle avec ces mythes et légendes. On bascule très rapidement de l'innocence et la gaieté (très rare) vers le morbide et le malsain. On retrouve tout ce qui a fait le charme de la première série mais qui fait de God Child un shojo manga à ne pas mettre entre toutes les mains.
Peu nombreux, les personnages n'en demeurent pas moins recherchés et très bien travaillés. L'oeuvre supporte en effet ce qui a déjà été fait par la première série. On retrouve donc toujours un Cain frivole, arrogant, sûr de lui mais surtout froid, méprisant et par dessus tout machiavélique, n'hésitant pas à manipuler ses ennemis de la plus terrible des manières. La première histoire le démontre d'ailleurs très bien. On retrouve le très fidèle Riff qui reste toujours aux côtés de Cain avec lequel il entretient une relation trouble, parfois proche du Yaoi même s'il n'en est rien. Les autres personnages, même mineurs ne sont pas en reste, ils sont pratiquement tous à leur manière torturés et sombres. On n'oubliera pas au passage le Dr Jezabel, ennemi, pour le moment, principal de Cain dont la froideur et la cruauté en font un méchant des plus classe et charismatique.
Si on met de côté la première série, God Child apparaît comme une série originale de par son ambiance, ses histoires et ses personnages. De plus, l'ensemble, exception faite des personnages principaux, change pratiquement à chaque chapitre ce qui renouvelle constamment une intrigue peu conventionnelle qui aurait même tendance à être reniée dans de nombreux autres mangas.
J'ai eu l'impression de me répéter ici par rapport à la fiche sur "Comte Cain" mais cela est logique dans un sens vu que nous avons sa suite directe. God Child s'impose donc comme une digne suite qui saura plaire à tous les fans de Yuki (dont je fais partie) et sans aucun doute aux néophytes. God Child s'impose comme une série magnifique, très bien maîtrisée et recherchée. Une narration prenante, un concept original qui s’éloigne des nombreuses productions du genre font de God Child un manga à suivre.