Le problème de ce quatrième tome de Last Order.
La quasi-intégralité du tome est en effet consacrée à un combat sans grand intérêt ni enjeu scénaristique mis à part l'introduction d'un ennemi au faible charisme (aucune comparaison possible avec un Den ou Jashugan), qui risque de revenir sur le devant de la scène à l'occasion... du tournoi "Zenith of Thing". Et oui, un tournoi (qui débutera dans le tome 5) comme dans tout shônen de base qui se respecte. Une influence shônen qui semble avoir touché ce volume... Car si cette compétition reste excusable, ayant une (faible) justification scénaristique remontant au tome précédent, l'ensemble du tome ressemble à s'y méprendre à un shônen de baston : combats mutliples (et commentés comme dans un championnat, ce qui est du plus mauvais effet), surenchère de techniques spéciales, motivations simplistes et pseudo-interrogations sur "ce qu'est un vrai combattant", apparition d'un puissant rival,... Bof bof.
Kishiro s'éloigne de plus en plus du GUNNM originel : embrayer du cyberpunk au space opera passe encore (surtout qu'il est très doué dans le genre et développait dans le tome 3 un background fouillé et intéressant), mais se diriger vers les arts martiaux shônenisants... Non ! Là où l'auteur arrivait à énormément varier la première série sans lui faire perdre une once de cohérence, il s'aventure ici un peu trop loin et ne semble même plus savoir d'où il est venu, oubliant presque les intrigues principales. Car le lecteur de GLO est sans doute plus intéressé par la quête des origines de Gally (devenue fantomatique) que par ses mésaventures martiales contre les robots karatekas du coin. Dommage.
Du grand art. Le trait est fin, précis, détaillé, et les combats sont d'un dynamisme à toute épreuve. Impressionnants et incroyablement bien mis en scène, il ne manqueront pas d'immerger le lecteur, notamment grâce aux excellents effets de vitesse.
De plus, Kishiro est très doué en ce qui concerne les décors et architectures futuristes; le design du Leviathan-1 est magnifique, tout comme la cité spatiale de Jéru (entre autres).
Certains (comme moi) regretteront toutefois l'orientation graphique que prend Kishiro. Le rendu est ici très propre, net (et informatisé pour certains effets comme les éclairs), bien plus que dans la première série au graphisme plus "sale" et noir. Les personnages changent également, et Gally est ici très éloignée de celle de GUNNM, moins charmante et charismatique à mon goût. Un graphisme global très au-dessus de la moyenne, en tous les cas, même s'il est dommage que la version française ne permette pas d'en profiter pleinement, réduction de format et inversion des planches obligent.
Ambiance cyber-martiale sur fond de space opera, au ton plus léger que précédemment. Les amateurs des deux genres (n')apprécieront (pas forcément).
A noter dans cette atmosphère violente (mais peu sanglante, androïdes obligent) une petit dose d'humour en la présence de mini-Sechs (qui perd de ce fait en crédibilité par rapport aux premiers tomes).
Gally a beaucoup perdu de son charisme d'antan (design et personnalité).
Sechs n'a plus le panache du premier tome.
Xazi ne surprend pas dans son rôle.
Et surtout, Desty Nova a "disparu" !
Que reste-t-il dans ce volume ? Des figurants, un tyran au look de général nazi et un trio de robots karatekas au design plus que discutable.
De quoi s'installer sur sa chaise et prendre la position du penseur en se demandant "Kishiro, mais que fais-tu ?".
Du space opera plutôt classique depuis le tome précédent, moins original que la série de base mais qui se distingue toujours de la masse grâce à ses particularités (design, personnages,...). Dommage pour le travers shônenisant de ce volume qui rappelle les meilleurs moments d'un Dragon Ball (ce qui n'est pas un tort en soi, mais n'a rien à faire ici). En fait cette direction est originale car absolument pas préméditée, mais ce serait plutôt une originalité dans le mauvais sens. Après, on accumule les clichés en ce qui concerne la nature de ladite direction...
Un quatrième tome de GUNNM Last Order qui m'a fortement déçu. La série reste certes d'un bon niveau, mais diverge complètement de l'exceptionnel GUNNM. Ensuite, à chacun de voir s'il désire une suite à la série originelle ou un tout nouveau manga "parallèle". Dans les deux cas, ce quatrième volume est en-dessous des espérances... Prions pour que la suite relève le niveau (mais pas trop fort, vu le tournoi qui s'annonce).