Pas mal de révélations dans ce cinquième volume viennent nous informer que l’histoire touche à sa fin, alors nous obtenons au fil des pages des réponses à nos questions, entre autre sur les origines de Kyôsuke. Malheureusement, tout semble assez précipité et Takahashi Yôichi s’intéresse plus à dessiner des matchs qu’à s’occuper de ses personnages et de leur psychologie comme il le faisait dans les deux premiers volumes. Hungry Heart est donc construit de manière très classique, comme Takahashi sait faire ses manga, c’est-à -dire beaucoup de sport mais peu d’approfondissement de l’histoire et des protagonistes qui restent, somme toute, assez superficiels.
Le style de Takahashi Yôichi est égal à lui-même, peu détaillé et aéré, mais tellement vide… Il y a un manque flagrant d’arrière-plans, et même quand les décors sont présents, ils ont un côté minimaliste et vide. Si cela ne nous gêne pas dans une œuvre comme Nana grâce au superbe tracé de Yazawa Ai, nous ne pouvons pas en dire autant dans ce cas-ci, car l’auteur ne se rattrape pas sur les personnages en les dessinant de manière sublime, il ne fait qu’en dessiner beaucoup qui se ressemblent. De plus, Takahashi a une drôle de vision des gens, ou en tout cas de leur morphologie… Enfin, malgré un graphisme assez pauvre qui n’a pas bougé depuis près de dix ans, la mise en page est très dynamique et s’adapte parfaitement au football et à ses rencontres dynamiques, le cadrage donne d’ailleurs un certain punch au dessin qui se voit ainsi devenir plus efficace et convaincant. Les parties sont bien réalisées, rapides et intenses, les jeux de jambes sont bien représentés.
Vous aimez le foot ? Vous vous sentez à votre aise sur le terrain ? Le ballon est votre copain ? Vous avez toujours été fan de Captain Tsubasa ? Dans ce cas, vous adorerez l’ambiance de Hungry Heart, ses matchs dynamiques, ses ballons ovales et tant d’autres choses… Car en effet, depuis le troisième volume et le retour de Kyôsuke dans le « droit chemin », cette série s’oriente de plus en plus vers le manga fleuve de l’auteur, Captain Tsubasa, et perd son charme des deux premiers volumes qui s’intéressaient plus aux personnages qu’au football. Au départ, le foot était prétexte à faire évoluer les protagonistes, maintenant c’est le contraire, l’évolution de leur caractère ne les pousse que vers le foot.
Nous sommes dans la dernière ligne droite, les personnages se révèlent encore plus doués dans leur domaine qu’auparavant, et nous en apprenons un peu plus sur leur passé… Bref, rien de bien transcendant, la seule chose qui pourrait vous surprendre est la découverte des origines de Kyôsuke, mais encore, vous le comprendrez avant que ce ne soit clairement révélé. C’est dommage, on aurait pu beaucoup plus s’attacher aux membres du club si seulement ils avaient reçu le même traitement que dans les deux premiers tomes tout au long de la série.
Les premiers tomes étaient originaux et se basaient surtout sur Kyôsuke et son groupe d’amis, mais ce volume confirme ce que les tomes trois et quatre prêtaient à penser : nous nous éloignons de plus en plus de ce groupe pour nous rapprocher du sport au ballon rond. Ainsi, si cet avant-dernier volume nous fait quelques révélations, il sert surtout à illustrer l’épanouissement de Kanô Kyôsuke à travers le foot. Autre chose, cet album se termine sur un manque d’inventivité assez affligeant (« Le mode tournoi départemental est terminé ! », en quelques sortes : « Transformez-vous en surhommes ! »…) qui permettra à la série de s’allonger un peu, le temps d’un dernier volume…
Le début avait quelque chose de charmant et d’original pour cet auteur qui nous avait pourtant habitué à toujours nous servir la même chose. Nous nous attardions plus sur les protagonistes qu’aux rencontres sportives, mais ce cinquième Hungry Heart rompt le charme et nous nous trouvons alors face à un Captain Tsubasa avec Kyôsuke, Rodrigo, Kôji, Sako, Miki, Kamata, etc. Les fans de l’auteur trouveront bien évidemment leur bonheur, mais les autres risquent d’être déçus et d’avoir du mal à adhérer. Dommage, cela me donne une impression de potentiel gâché. Enfin, encore heureux que les matchs soient plus courts que dans l’autre œuvre de l’auteur…