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Critique Indigo Blue volume 1

Dan Bluesummers
Indigo Blue #1
Date de sortie : N/C
Prix : N/C
Note du volume 1 :
Rutsu Nakagawa est écrivain et sort avec son responsable éditoriale, Ryûji. Elle rencontre un jour Tamaki Yano, rédactrice pour Nerve, une revue d'art, qui la pousse à s'interroger sur le sexe d'"Y", un de ses personnages ayant eu une relation avec une femme. Cette remarque l'intrigue, Rutsu repense alors à son passé et remet en question ses sentiments…
Se forme alors une sorte de triangle amoureux…

Troisième one shot de d'Ebine Yamaji à sortir chez l'éditeur Asuka, leur collection "Yuri" s'étoffe peu à peu et semble avoir conquis les lecteurs.


Scénario

De prime abord, l'histoire peut ne pas soulever l'intérêt du lecteur mais c'est la réflexion qu'elle propose qui fait sa force. En effet, Yamaji ne décrit pas une simple relation amoureuse ou tromperie, l'histoire gravite autour de Rutsu, son questionnement perpétuel sur ce qu'est l'amour et sur ses sentiments. Indigo Blue est une œuvre adulte et très littéraire, nous pouvons le ressentir grâce aux mots utilisés, toujours très justes et appropriés. Les dialogues sont subtils et malgré le thème relativement difficile à raconter, l'auteur ne tombe pas dans une bête relation sexuelle et vulgaire. Non, ici tout se joue en finesse, avec une grande délicatesse.

Graphisme

Le style est hors normes et vraiment particulier. Le trait est épuré, peu détaillé et se concentre plus sur les personnages que sur les décors, souvent inexistants. Néanmoins, ne peut-on pas rapprocher ce style graphique au scénario ? Fin et dessiné avec une délicatesse certaine, le graphisme est à l’image du scénario. Ebine Yamaji arrive à faire transparaître les émotions en très peu de traits, et sans aucune fioriture elle obtient l'effet escompté. Son talent de narratrice est indéniable, les cases prennent souvent des demi pages et son principalement des gros plans : chacune d'entre elles tend à exprimer les émotions des protagonistes. Un procédé étonnant mais réussi pour ce travail exemplaire qui, certes, ne plaira pas à tout le monde.

Ambiance

L’ambiance est plantée par un dessin épuré et tout en douceur accompagné d’un scénario des plus complexes mais savamment mis en scène. Malgré cela, il est difficile d’adhérer à ce type d’œuvre : d’abord à cause du sujet abordé, mais également l’aspect visuel. Le fait que ce manga soit emprunt de littérature et d’une grande maturité textuelle le rend difficile, c’est une œuvre d’auteur sur le thème de l’amour homosexuel féminin, un thème peu abordé dans le manga en France jusqu’à présent. Si la magie opère, il plaira de par sa beauté et sa sincérité. Une bonne ambiance mais, à mon sens, difficile d’accès.

Personnages

Les quatre personnages principaux sont intéressants, très cohérents et touchants. Rutsu émeut le lecteur à plusieurs reprises et nous la suivons avec un certain plaisir. Ryûji est également un personnage réussi qui en attendrira plus d’un. Quant à Tamaki, elle est plus complexe et, par conséquent, intéressante. Ce triangle amoureux est bien construit et développé, et les interventions extérieures d’un autre personnage amènent souvent des réponses ou font avancer le scénario. Sans avoir créé une vaste palette de protagonistes, Ebine Yamaji a créé une histoire de grande qualité.

Originalité

L’œuvre est originale grâce à un dessin fin, des personnages adultes et un questionnement sur l’amour. L’histoire se lit vite mais nous en gardons un bon souvenir et elle reste en tête. Asuka a innové en introduisant le genre yuri en France à l’aide d’un auteur talentueux.

Doux et sincère, ce manga saura vous intéresser si vous adhérez au style, aussi bien graphique que narratif, de l'auteur. Bien construit et cohérent, le questionnement proposé est des plus intéressant. Ce yuri - mon premier - est une véritable réussite à mon goût et m'a intéressé bien plus que je ne l'aurai imaginé. Néanmoins, je conçois qu'il puisse ne pas plaire à tous. Une œuvre mature et adulte pour laquelle Asuka a apporté un grand soin à la qualité du livre (papier, impression, couverture, sans oublier la très bonne préface de Rodolphe Massé [Roro]).

Critiques Indigo Blue volumes par volumes

 
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