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Critique Les Lamentation de l'Agneau volume 2

Dan Bluesummers
Les Lamentation de l'Agneau #2
Date de sortie : 08 juin 05
Prix : 7.50 €
Note du volume 2 :
Hitsuji no Uta, traduit par Les Lamentations de l’Agneau en français, est la seconde œuvre de Toume Kei à se voir publiée en France (la première étant l’excellent Sing « Yesterday » for Me). Elle raconte le destin tragique de la famille Takashiro; Takashiro Kazuna, orphelin de mère, est restée des années sans nouvelles de son père ni de sa sœur aînée et vit avec la famille Eda. Un jour, alors qu’il posait pour une peinture de son amie Yaegashi, il s’évanouit. A son réveil, il passa par son ancienne maison, et quel ne fût son étonnement lorsqu’il y vit sa sœur Chizuna. Cette dernière lui expliqua les causes de son malaise : la famille Takashiro est frappée par une étrange maladie et ceux qui en sont affectée deviennent, comme des vampires, assoiffés de sang humain et peuvent finir par en perdre la raison…
Dans ce second volume, Kazuna prend peu à peu conscience de ce mal qui le frappe et essaie tant bien que mal de ne pas céder à l’appel du sang. Mais comment ferait-il si une de ces crises venait à le faire perdre le contrôle de son corps, et s’il s’attaquait à une personne qu’il aime… ?


Scénario

Le scénario de ce manga est très habilement construit, il mêle de manière très subtile plusieurs sujets : la vie lycéenne, les questions que l’on se pose durant l’adolescence, les sentiments éprouvés par Kazuna envers sa famille qu’il ne connaît pas, les maladies héréditaires et la peur de soi. Le tout est vraiment bien traité, Toume sait donner le bon ton aux différentes scènes et trouver les mots justes, ce qui nous permet de n’avoir aucun mal à croire en cette histoire malgré son côté surréaliste. Ce second tome développe principalement les sentiments de Chizuna et l’angoisse dans laquelle vit Kazuna depuis qu’il sait de quoi il est capable à cause de sa maladie. Cette peur est d’ailleurs décrite de façon remarquable et elle est la preuve que Toume maîtrise parfaitement son récit et sait exactement où elle veut en venir : rien n’est laissé au hasard. A noter qu’une fois de plus, comme dans Sing « Yesterday » for Me, l’auteur donne à l’art, principalement au dessin et à la peinture, une place de choix à travers le personnage de Yaegashi Yô.

Graphisme

Proche du style graphique de Samura Hiroaki (L’Habitant de l’Infini) avec qui elle a fait ses études à l’université d’art Tama à Tôkyô, le coup de crayon de Toume Kei a quelque chose d’original et de très personnel. S’il n’a pas encore atteint le niveau de ses œuvres plus récentes (ce manga a commencé sa prépublication dans le Comic Burger en 1996), il n’en reste pas moins très bon, travaillé et doté d’un fort caractère. La narration est par contre déjà maîtrisée, la mise en page est claire et fine, et les jeux de lumières impressionnants (hachures, trames, esquisses…). Nous pouvons également remarquer un travail minutieux sur l’alternance entre l’utilisation des trames et les remplissages faits mains qui donnent un aspect plus artistique (page 89). Certaines planches sont d’une rare intensité et les visages sont très expressifs, Toume s’impose comme l’une des dessinatrices les plus performantes à l’heure actuelle, le fort caractère et la vie qui s’échappent de ses planches en sont la preuve.

Ambiance

L’auteur sait créer des ambiances surprenantes, surnaturelles mais étonnement crédibles. Dans Les Lamentations de l’Agneau, nous sommes entraînés dans le Japon moderne mais avec sa culture et ses rites traditionnels (les clés de compréhension en fin de volume sont très utiles), ainsi qu’une histoire de « vampires ». Cet aspect est d’ailleurs traité de manière intéressante, nous sommes loin du vampire de Bram Stoker (Dracula), ce sont ici des personnes frappées par une maladie, ce sont des victimes (ils ont honte et peur d’eux-mêmes), et le fait que Chizuna s’entaille pour guérir la soif de sang de son frère est à la fois quelque chose de malsain et d’extrêmement touchant. C’est dans cette constante contradiction que nous suivons le tragique destin de la famille Takashiro, sans vraiment savoir les arrière-pensées de certains personnages et en se posant de multiples questions sur leurs relations.

Personnages

Quant aux personnages, ils sont très différents les uns des autres, mais les deux principaux sont torturés, rongés de l’intérieur par un secret qui leur pèse, par la troublante réalité (« Je n’ai rien fait de mal. Je suis née… Dans cette famille Takashiro… C’est mon seul tort », dixit Takashiro Chizuna) et par la crainte de la réaction des leurs s’ils venaient à apprendre leur maladie.
Yaegashi (la fille en couverture) est également travaillée, et il sera plaisant de la voir évoluer et se dévoiler au fil des chapitres.

Originalité

Nous avons donc affaire à une bande dessinée hors norme, son aspect graphique tout en finesse est inhabituel et il en va de même pour son ambiance et son histoire. L’originalité majeure du titre est de nous faire porter un regard nouveau sur quelque chose que nous connaissions déjà : les vampires. Les personnes assoiffées de sang ne sont pas de simples vampires qui se nourriraient par pur plaisir ni des princes vampiriques tels le comte Dracula, non, ce sont ici des gens normaux frappés par une maladie héréditaire. Nous avons d’abord vu Kazuna mener une vie tranquille, et nous voyons désormais sa manière de s’adapter à ce mal qui le ronge et le transforme, nous le voyons souffrir et changer dans sa manière d’être… Outre cette vision atypique des suceurs de sang, nous les voyons se mêler à la société tout en ayant peur de faire le mal, et nous découvrons leur entourage : comment réagiraient les autres s’ils venaient à découvrir le lourd secret que portent le Takashiro ?

Toume Kei est certainement l’une des mangaka les plus douées de sa génération et il ne fait aucun doute que sa manière de dessiner (la couverture est splendide) et de raconter en charmera plus d’un (personnellement, je suis conquis). Les Lamentations de l’Agneau est un titre incroyablement mature qui s’intéresse à un sujet intéressant et le traite de manière impeccable, avec un tact et un doigté rares. Une réussite doublée d’une excellente édition de la part d’Akata / Delcourt (superbe logo, notes explicatives en fin de tome…). Alors, laissez-vous tenter par cet ouvrage atypique, personnel et tout bonnement génial. Histuji no Uta © Toume Kei 2002 / Gentosha Comics Inc. Tôkyô.

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