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Critique Monster volume 18

Dan Bluesummers
Monster #18
Date de sortie : 21 janvier 05
Prix : 7.35 €
Note du volume 18 :
Une petite ville aux allures tout ce qu’il y a de plus ordinaire devient la scène d'un massacre immonde et de la folie meurtrière d'un homme. Tous les protagonistes – ou presque – sont réunis pour clore l'enquête et élucider le mystère du « monstre sans nom ».

Lorsqu'une série de l'envergure de Monster de Naoki Urasawa se termine, cela ne laisse pas indifférent. Après un peu plus de trois ans de bons et loyaux services à Big Kana, la série prend fin, le dénouement sera-t-il à la hauteur de nos espérances ?


Scénario

Tout comme l’aspect visuel, l’histoire est menée de main de maître. Avec une maestria peu commune, l’auteur conduit ses personnages, émet des questionnements et nous mène par le bout du nez. Urasawa Naoki fait preuve d’un grand talent dans le dernier volet de cette série étonnante, quelques questions sont laissées en suspens de manière volontaire, pour laisser vagabonder notre esprit une fois la lecture terminée; d’autre part, tout en restant vraisemblable, la fin nous surprend grâce à une conclusion hallucinatoire pour le moins étonnante… Un travail gigantesque.

Graphisme

Le style graphique est précis, net, maîtrisé et en parfaite adéquation avec l’œuvre. En effet, le dessin est fin et des hachures s’y ajoutent pour différentes raisons (exprimer les sentiments, les traits de personnes usées par le temps mais aussi pour les détails), en résulte un ensemble d’une qualité impressionnante qui donne un caractère unique au coup de crayon d’Urasawa. A noter également un cadrage brillant et une narration excellente, dignes du grand maître dans le domaine : Osamu Tezuka.

Ambiance

Portée par un dessin réussi et un scénario superbement raconté, l’ambiance de Monster est extrêmement intéressante. Tout d’abord, son évolution au fil des tomes est plus qu’étonnante, mais c’est également le côté « thriller » vraisemblable et bien amené qui confère un charme fou à ce seinen manga. Bercée dans un univers vaste et complexe, l’ambiance de cette série est particulièrement réussie et ce dernier volume montre bien la dimension psychologique de cette bande dessinée.

Personnages

Nous finirons par les personnages qui font certainement partie des plus travaillés et intéressants. Leur psychologie est creusée et tous ont un intérêt certain, un caractère qui leur est propre. Si Kenzô Tenma change du début à la fin de l’œuvre, il est également intéressant de suivre l’évolution du commissaire Runge qui s’avère particulièrement intéressant et réussi. Sans oublier bien évidemment Johann et les nombreuses interrogations qu’il a entraînés et continuera à entraîner jusqu’à la fin (et même après, il vous restera certainement dans l’esprit…).
La palette de personnages est extrêmement diversifiée, ils sont originaux et ont tous une réelle identité. Aucune légèreté ou manque de profondeur dans le travail d’Urasawa.

A noter que le prix de ce volume augmente, mais qu’il s’agrémente – pour son premier tirage – du livre dont il est question dans Monster, à savoir Obludà, Kterà Nemà Své Jméno ou Le Monstre sans Nom d’Emile Sebe, redessiné et colorisé ici par l’auteur de Monster. Une initiative appréciable pour les fans mais aussi pour les curieux désirant jeter un œil à ce livre pour enfant.

Originalité

Si Monster est original, c’est par son traitement et l’ampleur de son histoire. Nous sommes comme aspirés dans le récit ancré en Europe. L’auteur arrive à nous surprendre sans cesse, à poser des questions intéressantes mais aussi et surtout à jouer avec nos nerfs. Nous sommes pressés de savoir ce qu’il va se passer, comment et pourquoi; et pour cette raison nous le lisons d’une traite. Nous constatons également que l’une des forces du manga est son homogénéité, son tout; d’un niveau élevé et maîtrisé.

Quand une série qui nous tient à cœur se termine, nous ressentons toujours une certaine tristesse, par nostalgie des bons moments passés à la lecture et de nos attentes entre chaque tome, mais aussi par peur d’être déçu par le dénouement. Ici, malgré nos appréhensions, Urasawa nous offre une fin digne de la série entière, laissant volontairement des questions en suspens, mais également en répondant à nos attentes. Nous sommes à la fois surpris et heureux, et la trace que laissera Monster dans nos esprits ne sera pas effacée de sitôt. Un grand manga qui nous a fait découvrir son auteur, le véritable successeur de Tezuka Osamu (Black Jack, Phénix…) aux yeux de nombreux lecteurs. Que dire de plus, si ce n’est que Monster forme un tout homogène et que c’est une des œuvres majeures parues en France. A lire absolument, et pour ceux qui auraient fini la série, penchez-vous sur 20th Century Boys du même auteur qui est lui aussi excellent.

Critiques Monster volumes par volumes

 
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