L’ambiance est apocalyptique sur l’île d’Okinawa, les combats dantesques se suivent et impressionnent par leur démesure. Le scénario de ce titre, bien qu’intéressant et travaillé dans son ensemble, se laisse cette fois-ci aller à l’action dans des affrontements aussi gigantesques qu’inoubliables; ce qui n’empêche pas le volume d’être composé d’une quantité de dialogues déterminants pour l’histoire.
Le rythme est excellent et on ne s’ennuie pas un instant à la lecture. Cependant, un léger regret : la narration est quelque peu maladroite. Opérant régulièrement des retour dans le passé afin de mieux définir ses personnages, Okada Megumu nous perd parfois en route, ce qui gêne – ne serait-ce même qu’un peu – la compréhension de ce cinquième album particulièrement dense.
Graphiquement, Okada a un style tout à fait hors normes, à la fois proche de celui des shôjo (je parle du style shôjo très typé, d’une manière générale donc, avec des corps humains relativement fins et d’énormes yeux) et de celui du shônen manga par sa mise en page vive, dynamique et « storyboardée ». Style qui avait surpris les fans de Saint Seiya, étonnés de voir des chevaliers aussi féminins et « shôjoisés ». Enfin, ce n’est pas un défaut (je tentais juste de décrire le graphisme), au contraire même : le style est extrêmement travaillé et les nuances de noir et blanc faites à l'ordinateur donnent une grande force aux planches (bien qu’elles les surcharge pas mal aussi).
Il est étonnant de voir le travail de recherche effectué pour les divinités qui disposent de designs purement hallucinants de beauté et toujours en parfaite adéquation avec les traditions japonaises, très exploitées dans ce manga.
Bref, ce cinquième volume est d’une grande puissance visuelle et promet un dénouement proprement hallucinant. Espérons simplement que le dernier numéro sera plus facile à suivre, ce qui est tout à fait possible si l’auteur fait des transitions plus marquées entre les scènes. Dans tous les cas, vivement la suite de Niraikanai – Paradis Premier, œuvre ésotérique et pleine d’informations sur les légendes et différentes traditions japonaises. Niraikanai © Megumu Okada / Kodansha Ltd., Tôkyô.