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Critique Pilgrim Jäger volume 1

Dan Bluesummers
Pilgrim Jäger #1
Date de sortie : 28 juillet 05
Prix : 8.50 €
Note du volume 1 :
Pilgrim Jäger est une série d’heroic fantasy (sur fond réaliste) née de la collaboration entre la dessinatrice Mami Itô (qu a déjà travaillé sur les dessins de Japan, scénarisé par Ôtsuka Eiji et publié en France chez Kana) et la scénariste Tô Ubukata. Encore en cours de parution au Japon, elle ne comporte pour l’instant que quatre tomes
Issue de l’imagination dérangée de l’encore inconnue en France Tô Ubukata, l’histoire prend place en 1521 en Italie, une période trouble pour la religion et la population. Les luttes religieuses de l’après-Renaissance se font nombreuses et nous pouvions, à tout moment, être accusés d’hérésie et finir sur le bûcher; alors une seule possibilité nous était offerte : prier et nous dévouer corps et âme à l’Eglise.
Pendant cette époque de chaos, deux femmes possédant des dons uniques se battent au nom de tout ce qui est sacré, cherchant ainsi l’absolution…


Scénario

Cet album, comme tous les premiers volumes, met en place tous les éléments du manga : les personnages, le décors ainsi que le fond historique. Il s’attarde longtemps sur la description du travail plus que particulier des dites « saltimbanques » mais laisse une part de mystère qui nous donne envie de lire la suite avec impatience. Doté d’une narration très habile, ce titre comporte quelques anachronismes, mais c’est la scénariste elle-même qui les dévoile ! En effet, entre chaque chapitre, elle écrit dans « The Pilgrim’s Process » ce qu’ont donné ses recherches mais aussi les raisons pour lesquelles elle a fait telle ou telle chose. Ainsi nous apprenons que certains anachronismes ne sont présents que pour faciliter la construction du récit et son intensité (par exemple les carrosses qui constituaient, apparemment, un luxe suprême), mais elle l’assume parfaitement et explique même clairement que son intention n’est pas de créer une œuvre historique ni réaliste, seulement quelque chose d’ancrée dans une période donnée, une époque ayant réellement existé.
D’autre part, nous avons ici un scénario qui tourne principalement autour de l’Eglise et de son pouvoir quasi infini au XVIème siècle. Et nous pouvons dire qu’elle s’en prend pas mal dans les dents, mais cette réflexion sur la religion et leur surplus de pouvoir est extrêmement travaillée et intéressante, de plus, elle rappellera un certain arc de Berserk aux fans…

Graphisme

Avec son graphisme nerveux, puissant et détaillé, Mami Itô nous offre quelque chose de très personnel, unique et réussi. Les planches sont impressionnantes de maîtrise, aussi bien dans les scènes calmes que durant les passages d’action pure et dure, qui sont d’ailleurs excellemment découpés. Les coups de crayons de la dessinatrice ont l’air instinctifs, spontanés et en même temps travaillés et hallucinants de vérité tant ils sonnent juste. Le trait vif, parfois proche du croquis tant les esquisses sont nombreuses, le dessin est expressif à souhait et parfaitement dans l’esprit de l’histoire, sombre et tourmentée. A propos de l’aspect esquissé, cela donne, en plus du côté naturel qui en ressort, quelque chose de loin de la production mainstream, c’est léché mais loin d’être épuré, ce qui nous amène à penser que le style graphique de Mami s’accorde parfaitement avec l’époque et l’esprit de sa collaboratrice Tô Ubukata, qui aurait certainement mis son récit en image de cette manière si elle en avait les moyens. Poursuivons avec le découpage qui se situe entre la mise en page typiquement japonaise trouvable dans bon nombre de manga et l’américaine que l’on peut découvrir dans une quantité impressionnante de comics. Les cases sont aussi nerveuses que le tracé, elles se superposent, s’entrecoupent et prennent souvent la page entière afin de renforcer l’impact de la situation. Finalement, comme tout le reste, il est en parfaite adéquation avec l’esprit de Pilgrim Jäger.

Ambiance

Nous avons ici affaire à une image peu reluisante de l’Italie du XVIème et du clergé de l’époque. Entre critiques de ce dernier et bande dessinée d’action, ce titre a su trouver le juste-milieu. Tout est bien dosé, passant avec une aisance surprenante de longs dialogues à des scènes d’action violentes et énergiques. Ceci est permis par ces deux auteurs qui se complètent à merveille tant leur vision des choses semble proche, il semblerait alors que celle qui s’occupe du visuel et que celle qui prend soin d’élaborer une histoire crédible et intrigante sont une seule et même personne, un peu comme Ôtsuka Eiji et Kinutani Yû pour Leviathan. Bref, les créateurs de la série ayant une même approche artistique, nous y adhérons tout de suite sans jamais trouver l’image trop niaise par rapport au texte et vice-versa. Pilgrim Jäger est sombre, violent, intrigant, tourmenté, crédible, intelligent et attendrissant dans la relation qui lie Adel et Karin, un peu comme une mère et sa fille, ces deux amies essaient de vaincre leurs démons ensemble.

Personnages

D’ailleurs, parlons-en de ces personnages. Tô Ubukata a fourni un travail assez impressionnant sur leur personnalité, leurs particularités, leurs passés, etc. Nous nous intéresserons spécialement à Adel Nahseed, pour cette jeune femme, l’auteur nous a gratifiée d’un travail fantastique sur la schizophrénie qui rappellera aux joueurs de jeux vidéos (et moins généralement de jeux de rôles) leurs meilleurs moments passés avec le scénario gigantesque du sublimissime Xenogears. Au final, nous avons déjà une belle petite brochette de protagonistes travaillés, certains pleins de vices et d’autres plus purs, qui ne demandent qu’à être creusés et approfondis dans les tomes à venir.

Originalité

Ce manga, c’est un dessin étonnant, une histoire ahurissante, sombre sans jamais être pesante ou difficile à lire, et extrêmement prenante grâce à des scènes d’action brillamment découpées qui ne prennent jamais le dessus sur la trame principale. Il s’agit d’une vision originale de l’Europe durant une certaine période, mais malgré qu’elle soit décrite par des étrangers (des japonais), nous échappons à tous les stéréotypes, malgré la construction proche du shônen avec un groupe ennemi surpuissant qui sera forcément, tôt ou tard, confronté à nos belles héroïnes. Proche de Berserk sur certains points, ce manga a tout pour plaire dès son lancement sur le marché grâce à un réel équilibre entre graphisme, scénario et tout ce qui entoure les protagonistes.

Ce premier tome est une réussite incontestable qui saura plaire aussi bien aux fans d’histoires complexes et dérangeantes qu’aux amateur d’action. Bonne pioche d’Asuka que cet excellent titre, il est prenant, grisant, électrisant, étonnant et tellement bon ! Maintenant, il ne lui reste plus qu’à faire ses preuves sur le long terme.

Critiques Pilgrim Jäger volumes par volumes

 
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