Rai est une série assez déroutante. Déroutante par son mélange sans scrupule des genres, un peu à l'instar d'un Samourai7 (anime du studio Gonzo). Joji Manabe se fait un malin plaisir de transposer tous les codes de la société moyenâgeuse japonaise dans un cadre de guerre intergalactique. Qui aurait pensé voir un jour des Shogun en armures traditionnelles diriger des croiseurs intergalactiques ? Le scénario est quand à lui, assez linéaire, voire pauvre: on suit l'évolution et la montée en grade de Ryuuga Rai au sein de l'armée de l'Empire du Nord. Linéaire et juste assez intéressant pour captiver son lecteur, il pêche un peu par son manque d'équilibre, laissant trop de place au combat, et trop peu à des moments plus posés. Cette surdose d'action plaira aux fans de shonen mais pourrait en rebuter certains, c'est un choix qu'assume visiblement Joji Manabe. L'ambiance est peu crédible, du fait de voir des samouraïs en armure se battre à l'ombre de gigantesques vaisseaux spatiaux... mais c'est une expérience intéressante de mélange qui séduira à la fois les amateurs d'histoires de samouraïs et ceux de science fiction. Le dessin fait un peu vieille école (quoi de plus normal pour cette série parue en 1993) mais grâce à son découpage efficace et sa qualité technique il reste très appréciable. Un graphisme donc sympathique pour mettre en image les personnages de Rai, et c'est sur ce dernier point que le mangaka se démarque tant les réactions et relations entre les personnages sont étonnantes. La princesse qui encourage l'assassin de son père ou le soldat qui ose braver l'autorité du shogun et reste impuni, ce genre de situations prend un peu le lecteur à contre-pied et finalement on ne sait pas trop où le mangaka veut en venir. D'autant plus qu'il a choisi de nous présenter cette guerre intergalactique, depuis le camp des oppresseurs... Imaginez un George Lucas qui réaliserait un Star Wars en prenant comme point de vue les troupes de l'Empire: déroutant non ? Ce titre ne manque en tout cas pas d'originalité et Rai s'annonce déjà comme une bonne surprise. Une série sans prétentions dans laquelle on plonge volontiers.