Après le succès de Duds Hunt (paru en 2004 chez le même éditeur), autant dire que l'on attendait Tetsuya Tsuitsui au détour ! Et c'est plein de bonnes idées qu'il revient avec un nouveau one-shot, bonnes idées dans le fond et dans la forme. Même s'il faut bien l'avouer Tetsuya Tsuitsui est un jeune mangaka à qui l'on a rien à apprendre tant sa maîtrise technique est déjà avancée. Son dessin est parmi les plus propres et les plus soignés du marché. Un peu à l'instar de Jiro Taniguchi (Ikare, Sommet des dieux, Seton...), Tetsuya Tsuitsui se démarque vraiment des autres mangaka sur le plan graphique, rien n'est laissé au hasard ! Que ce soit l'angle de vue, le découpage, l'utilisation de la trame ou le niveau de détail sur chaque vignette, le dessin du mangaka est porteur de sens, plus qu'un simple support, il porte ici l'action et les personnages. On retrouve aussi ce même goût pour les nouvelles technologies, cette même violence crue dans Reset. Difficile de vraiment faire la critique de ce scénario sans en révéler une miette, on remarque simplement que l'auteur s'amuse à distiller son suspens dans une mare d'action sanglante. Le rythme varie donc entre séquences de recherches et bourrinage un peu plus direct, très appréciable mélange ! Le lecteur cependant a un peu de mal à rentrer dans l'histoire, beaucoup trop de clés de compréhension nous sont masquées au début, mais très vite, au côté de Nakajima (une jeune novice), on entre dans le jeu, on entre dans l'histoire... et on se régale ! On peut critiquer le fond, qui s'appuie sur des faits un peu tirés par les cheveux, mais ce n'est qu'un détail, on se laisse facilement entrainer dans Reset. On apprécie aussi les avertissements de l'auteur (contre les jeux-vidéo, contre les prisons dorées), messages qui constituent le véritable fil rouge de ce one-shot, le tout pour s'achever sur une dernière phrase claquante que je vous laisse découvrir par vous même. Tetsuya Tsuitsui n'a pas seulement évolué dans les messages qu'il fait passer dans ses histoires, mais aussi dans la manière d'aborder ses personnages. Même si l'on retrouve une fois de plus le héros invincible, le jeune hacker Kitajima qui va mener l'enquête de bout en bout, c'est vers les personnages secondaires que notre intérêt se porte d'avantage. Et même si le sujet est tabou, le mangaka n'hésite pas à mettre en scène une jeune femme au foyer dont le mariage (arrangé) est un échec, qui ne s'épanouie pas du tout dans sa situation mais qui s'en accommode. Reset c'est un peu aussi l'histoire de l'envol de ce personnage... Reset est un one-shot magnifique graphiquement qui plaira à tous ceux qui sont en manque de violence, d'action explosive et d'enquête prenante au coeur des nouvelles technologies. Juste excellent.