Le principe est assez simple : un garçon plein d'idéaux est déçu et tente du mieux qu'il peut à instaurer une relation de confiance avec ses patients. Dégoûté par les docteurs, il tentera de changer certaines choses... D'une certaine manière, Saitô pourrait être comparé à Candide de Voltaire qui en suivant la philosophie de son maître Pangloss est devenu extrêmement optimiste. C'est en découvrant le monde qu'il se rend compte à quel point celui-ci est cruel, et peu à peu, sa vision des choses va changer.
Il en est de même pour Saitô qui se berçait d'illusions à propos de la médecine et qui finalement est extrêmement déçu. Par contre, Saitô est bien moins naïf que notre Candide national (et heureusement)...
Un graphisme excellent, vraiment maîtrisé par son auteur. On peut bien ressentir la vie, la puissance et la violence qu’il dégage, ainsi que la haine presque palpable de Saitô envers le système médical japonais complètement corrompu ! Du grand art pour un auteur qui nous dévoile ici tout son talent, notamment grâce à cette force qui se dégage du trait, mais également à tous les détails, au mélange de styles (utilisation de trames, de hachures, etc.).
Le découpage est lui aussi très bon, et simple à suivre.
Une ambiance étouffante dans un hôpital qui ne l'est pas moins ! A chaque seconde, on se demande comment notre personnage principal s'en sortira pour aider son patient atteint d'une grave maladie. On hallucine en voyant à quel point certains médecins d'Eiroku n'ont aucune humanité. Malgré tout, on prend beaucoup de plaisir durant la lecture, et ce notamment grâce au style très dynamique de l'auteur qui donne beaucoup de "punch".
On s'attache à notre jeune interne favori et à d'autres de ses collègues ainsi qu'aux patients, ou clients, devrais-je dire ? Mais jamais on n'éprouvera la moindre compassion pour les médecins.
Néanmoins, les personnages sont tous réussis et Shûhô Satô décrit parfaitement les différentes personnalités existantes. Il réussit à nous faire haïr certaines personnes, nous attacher à d'autres, et même avoir de la peine pour certains...
Honnêtement, vous avez souvent vu des manga de ce genre ? Une ambition démesurée : faire prendre conscience à la population japonaise de l'hypocrisie de docteurs en médecine, de directeurs d'hôpitaux, ou encore de certains infirmiers qui doivent "faire croire que tout va bien".
Shûhô Satô semble apprécier baser ses œuvres sur un métier en particulier (voire Umizaru qui parle de la vie d'un garde-côte) pour montrer du doigt certains faits. C'est réussi !
Une fois de plus, Glénat a fait un excellent travail. Même verdict que pour le premier tome, c'est du tout bon. Notons également qu'il n'y a plus le problème yen/euro du premier tome. Un manga tout bonnement génial que vous vous devez de lire, ne serait-ce qu'une fois dans votre vie de lecteur de bandes dessinées. Bien mis en scène, dessiné, raconté, les chroniques de ce service médical sont parfois drôles, touchantes, mais toujours très humaines. Une œuvre assez profonde, travaillée et réfléchie que je ne pourrai que vous conseiller !