On se retrouve au début là où l’auteur nous avait laissé à la fin du premier tome : une institutrice réprimande ses élèves pour avoir torturé un chat. Haha ? La vie a une valeur identique entre humains et animaux, il n’y a pas de privilégiés ? Difficile à croire, car c’est le moment que choisit Higumadon pour s’attaquer aux enfants et à leur maîtresse. Elle ne réfléchira pas, et préférera sacrifier le chat (qui n’est pas mort, quelle cruauté) pour se donner une chance et protéger les enfants. « On est tous égaux, la vie n’a aucune valeur », comme dirait subtilement Mon-chan après, alors que l’action revient sur les deux anti-héros qui vagabondent à travers la ville, à poser leurs bombes thermos. Tous égaux ? On a failli y croire. Quelle acidité dans ces propos. Quelle est mon impression sur ce deuxième volume ? Scénaristiquement parlant, je trouve qu’on a fait un bond en avant par rapport au premier tome où l’on ne comprenait pas grand-chose. En effet, ici, on sent bien que ce qui a lieu a été mûrement réfléchi. Est-ce à dire qu’une trame logique est suivie ? Pas tellement, on a l’impression que l’auteur pourrait faire ce qu’il veut de ses personnages, on arrive tellement peu à les cerner qu’on est totalement déstabilisé. Mais on accroche. Enfin, j’accroche. Que se passe-t-il ? Pourquoi Mon-chan agit-il de la sorte (je ne dirai rien, vous laissant le plaisir de la découverte de ses actions) ? Il n’y a AUCUNE logique ! Comment diable arrive-t-il à réfléchir ? Réfléchit-il seulement ? Où est-il simplement mu par un désir de vie et de révolte tellement fort que seul son instinct le fait agir ? Ce sont assurément des questions qui nous traversent l’esprit, et même si, après réflexion, on arrive à se demander pourquoi on est si scotché par le déroulement des choses, on y est, on y reste. Arai nous a muni de personnages charismatiques, fascinants, troublants, et dangereusement séduisants. Cependant, à trop séduire par leur violence exacerbée à laquelle on associe une société nippone totalement hors du temps, hors de propos, abjecte, ces héros en arrivent parfois à nous dégoûter. Certes, c’est beau de se révolter, contre la société pourrie qui les démoralise, mais pourquoi ne pas apporter plus d’humanisme à cette révolte ? Un policier le dit très bien à Toshi d’ailleurs : « Si tu ne veux pas vivre en société, renonce à ton humanité ». « Si on est dans une fiction, que ferait le héros ? » Toshi se prend-il pour un sauveur ? Aie aie, ça fait peur. Même si on découvre ainsi, comme je l’ai dit plus haut, une trame scénaristique dans ce volume, on aimerait un peu plus de travail à ce sujet, étant donné qu’on a du mal à voir comment elle pourrait être rattachée aux divers faits qui ont déjà eu lieu. Peut-on décemment suivre cette série en tant que lecteur lambda (aucune insulte là -dedans) qui ne souhaite pas prendre de recul et réfléchir sur le manga outre mesure ? A tout vous dire, ça me parait difficile, et la lecture peut-être quelque peu éprouvante pour quelqu’un qui s’y intéresse un tant soit peu, de part la destruction des images classiques qu’on peut avoir d’une société et d’un individu qui y vit. Néanmoins, j’avoue attendre avec impatience la suite des aventures de nos protagonistes.