Et l’identité de l’assassin sera belle et bien révélée dans ce tome. Pendant les trois quarts de notre lecture, tous les indices nous poussent à croire qu’il s’agit d’un certain personnage (vous ne pensiez tout de même pas que je vous dirais qui ?), mais cela semble tellement gros que nous en doutons parfois. Espérons tout de même voir un bon retournement de situation ou au moins comprendre ce qui a poussé cette personne à se comporter ainsi. Car cette manière de procéder est intéressante et avait déjà permis au très bon Redrum 327 de nous faire frissonner trois volumes durant… Néanmoins, si Mémoires du Masque troisième du nom est meilleur que son prédécesseur, il a du mal à passionner le lecteur qui ne se voit jamais totalement absorbé dans le récit; ceci est sûrement dû au fait que l’histoire, ou du moins l’enquête des policiers, fait du sur-place, ce qui empêche l’histoire de réellement décoller. Arrivés à l’avant-dernier chapitre, nous quittons le genre polar pour retrouver le style horrifique du précédent volume, et c’est seulement à ce moment-là que le titre devient vraiment intéressant et qu’il devient difficile d’en démordre.
Le style graphique de Kim Jung Han est sobre mais efficace, il semblerait que son coup de crayon se soit pas mal amélioré depuis le précédent volume sorti, il a évolué vers quelque chose de plus arrondi, de plus typé. Ce qui est étonnant, c’est que malgré l’atmosphère dans laquelle se déroule ce manhwa, il y a un côté assez mignon et enfantin que l’on découvre surtout à travers In-Hae, l’« héroïne » de cette histoire. Nous remarquons également que les divers protagonistes sont devenus plus expressifs (notamment grâce aux yeux, très réussis) et que le graphisme, aussi bien le dessin que le découpage, est devenu moins statique et un brin plus vivant. D’autre part, la gestion du noir et blanc est très bien réalisée et permet de bien s’imprégner de l’ambiance… Quant à la mise en page, elle est classique mais très fluide.
Cette fois, l’ambiance est moins lourde, moins pesante et moins malsaine. Nous perdons ce côté horrifique durant les trois quarts de l’album afin de mieux nous surprendre, c’est le calme avant la tempête. Attention, ce n’est pas non plus une bande dessinée où des fleurs pousseront à chaque page tant la joie des protagonistes est grande. Non, nous voyons simplement In-Hae reprendre petit à petit une vie normale maintenant qu’elle va mieux et vit chez le professeur, mais je le répète, c’est pour mieux nous surprendre. Certains trouveront cet album plus faible que les autres, personnellement, je le trouve plus intéressant et mieux pensé, mais ce n’est qu’une question de goût…
Les personnages ne sont pas creux mais ils auraient gagnés à être un petit peu plus développés. Bien sûr, In-Hae est mignonne, attachante, attendrissante et assez touchante, et cela fait plaisir de la voir protégée par son héros, Sang-Hyun. Mais voilà , il n’y a rien de particulièrement hors norme, aucun personnage ne s’imposera comme un inoubliable, et même l’assassin a du mal à inspirer autant de terreur que la dame de la chambre close…Bref, si nous ne garderons pas les protagonistes en mémoire, ils nous auront tout de même permis de passer un bon moment, et qui sait, le tueur pourrait s’avérer étonnamment complexe dans le dernier volume.
Mémoires du Masque s’avère assez prévisible quant à l’identité du tueur, il ne donne rien de bien nouveau au genre et ne constitue pas ses lettres de noblesse. Néanmoins, ce titre reste très divertissant et agréable à lire, il ne se prend pas au sérieux, et si vous parvenez à l’apprécier à sa juste valeur (en pur et simple divertissement et non pas comme une œuvre qui voudrait révolutionner le genre), vous saurez apprécier son histoire parfois tirée par les cheveux et le fait qu’il s’inspire, sans jamais plagier, d’autres travaux horrifiques tout en sachant éviter l’aspect déjà -vu…
Au final, ce troisième tome est plaisant et plutôt bien construit, nous regrettons simplement que le récit tarde à décoller, mais en voyant comment se termine l’ultime chapitre, le dernier album promet d’être angoissant au possible. Nous pouvons alors conclure en disant que Mémoires du Masque constitue un bon petit divertissement, ni plus ni moins.