Akumetsu, ce manga de la collection Seinen de Taïfu aborde sans complexes les thèmes du terrorisme et de la corruption du monde politique. Dans cet environnement corrompu, une voix s'élève annonciatrice de révolte. Cette révolte appelle cependant à plus de violence... combattre la violence par la violence, est-ce vraiment la solution ? Le scénario retrace aisément le climat tendu dans lequel les protagonistes évoluent. Outre la violence, la méfiance s'installe et la population semble être prise en otage. La manipulation atteint son paroxysme dans ce débat télévisé opposant deux adversaires politiques. Les graphismes rendent aisément cette atmosphère par un tracé assez gras, des trames très sombres et des traits anguleux voire caricaturaux pour ce qui est des protagonistes. De plus, les sentiments des protagonistes (dégoût, peur, ...) sont palpables et la ferveur des politiciens dans leur quête de pouvoir est poussée à l'extrême frisant même le ridicule. On découvre ici vraiment Akumetsu, sans savoir qui il est puisque le public ne connait pas son visage, mais son but s'éclaircit ainsi que les raisons qui le poussent à agir. C'est d'ailleurs de là que l'oeuvre tire son originalité. On connaît beaucoup de manga avec des héros qui se lèvent (sortent de la masse) et se battent pour la justice. Cependant, Akumetsu se pose ici en anti-héros, commettant des crimes pour éradiquer le mal au sein du pouvoir politique en place. Mais loin de commettre des crimes qu'il laisserait impunis, chaque Akumetsu meurt après avoir accompli sa tâche, s'appliquant ainsi la loi qu'il impose aux autres. Ainsi, tels des moutons, les citoyens japonais suivent les directives de la classe politique, se laissant extorquer sans rien pouvoir faire. Les relations entre les protagonistes semblent donc se limiter à un lien dominant/dominé. Il existe en effet quatre catégories de personnes, ceux qui vivent dans la peur, ceux qui essayent de traquer (sans succès) le criminel, les membres de la classe politique avides de pouvoirs, et Akumetsu. Il est à noter qu'on est en présence de deux Akumetsu, un vrai et un faux. Chacun d'eux oeuvrent différemment, le "vrai" ne fait pas de victimes inutiles (seule sa "proie" l'intéresse) et s'auto-punit après avoir accomplit sa mission, le "faux" vise à l'aveuglette espérant que dans la foulée sa cible sera atteinte. Voilà donc un manga où justice et violence se mêlent d'autant que le justicier Akumetsu exterminera le mal et ce par n'importe quel moyen. Le scénario peut sembler creux et très stéréotypé par moments mais ce défaut est compensé par l'absence de temps morts. Un manga à ne pas mettre entre toutes les mains...