Scénario

Le scénario est très rythmé et ne dérive pas. Ce premier tome est avant tout consacré aux deux héros et à leur histoire d'amour naissante. Ici, on ne s'attarde que sur la découverte et la progression des sentiments de Yukio et Soïchiro. L'essentiel tourne autour de leurs petits jeux respectifs pour déstabiliser l'autre, puis de leur tentative pour comprendre la nature de leur relation. Les rares signes extérieurs en dehors du couple, la famille de Yukio surtout, n'ont pas une véritable importance au sein de l'histoire et ne constituent qu'un simple regard qui commente l'évolution des deux jeunes gens. Au final, le scénario est des plus plaisants et n'est pas du tout ennuyeux, si on apprécie un tant soit peu le shojo. Il est bien construit, passionnant et surtout sans temps mort apportant son lot de rebondissements tellement rapidement qu'on peut se demander ce qui nous attendra par la suite.

Graphisme

Un type de dessin classique, très classique même en comparaison des oeuvres du genre, on voit tout de suite qu'on a affaire à un shojo. L'ensemble est très épuré et fait un peu vide mais l'auteur sait remplir les cases par des effets de style et de nombreux gros plans. De nombreuses scènes sont aussi suggérées évitant ainsi à l'auteur de les dessiner. On notera l'usage assez fréquent du SD qui facilite le dessin et permet aussi de donner une bonne touche d'humour. Les traits sont parfois grossiers, comme les tâches de rougeurs qui débordent, ou sont excentrés mais on peut penser que l’effet est voulu. L'ensemble n'est pas déplaisant donc, mais on regrettera que le dessin ne soit pas plus recherché graphiquement et se contente du minimum syndical.

Ambiance

L’histoire prend place comme dans beaucoup de shojos au sein d’un lycée. Le milieu scolaire se révèle d’autant plus important qu’il est le terrain de lutte principal de Yukio contre Soïchiro qui y passe aussi le plus clair de son temps en raison de son travail. C’est au final le seul endroit qui sert de socialisation aux deux héros, là où ils se découvrent et évoluent. On découvre aussi la famille un brin déjanté de Yukio, seul endroit où Yukio se comporte sans frimer et se donner une image de fille parfaite. Une ambiance classique qui ne déstabilisera par les habitués. On dénote au passage une certaine critique du milieu scolaire dans sa recherche de perfection constante.

Personnages

Les personnages sont bien limités, comme je l’ai mentionné plus haut, toute l’histoire tourne autour de Yukio et Soïchiro et seuls ces derniers dévoilent leur personnalité. On ne sait néanmoins pas grand chose encore sur ces deux derniers. En tout cas, pas de trio amoureux intempestifs comme on en voit souvent. Yukio est complètement barge derrière son visage de jeune fille modèle, égoïste et frimeuse, elle devient néanmoins attachante lorsqu’elle commence à découvrir ses sentiments pour Soïchiro. Ce dernier quand à lui se découvre un caractère manipulateur et arrogant mais aussi bon vivant et tente de se libérer de l’image de perfection qu’il diffuse. Il garde aussi une personnalité ambiguë et torturée mais qui pour le moment ne prend pas trop le pas sur sa relation. Le manga se concentre en effet sur les deux amoureux et non comme en règle générale sur l’héroïne uniquement. Les deux héros de KareKano sont excellents et forment l’un des plus beaux duos amoureux du genre ou du moins l’un des plus intéressants. Bien travaillés et originaux, ils ne laissent que peu de place aux autres protagonistes qui sont plus classiques pour leur part mais plus réduits aussi.

Originalité

Les clichés volent ici en éclat. Même si d'apparence KareKano semble être un shojo des plus classiques, il rompt sur de nombreux points avec le genre. Si le style du dessin et les lieux où prennent l'histoire semble être vu et revu, l'auteur évite tous les autres clichés. Ici pas d'héroïne bien gentille en situation d'infériorité par rapport à la société de quelque manière que ce soit, à la recherche de l’amour et qui tombe sous le charme du beau gosse de service que tout le monde adore. Si à première vue cela semble partir dans ce sens on se rend bien vite compte que les masques tombent. Comme mentionné plus haut, Yukio est une peste dans le fond et Soïchiro un asocial en puissance. Yukio apparaît même plus comme la méchante que l'on pourrait voir dans les autres oeuvres de type shojo. La force et l'originalité de KareKano est donc déjà de nous proposer un duo unique en soi et surprenant. A cela s'ajoute un scénario qui ne s'embarrasse pas dans sa narration. Ici on ne perd pas du temps à découvrir le milieu où vivent nos héros, leurs difficultés de chaque jour. Le manga va droit au but en nous présentant la naissance de leur amour dès le premier tome. On peut même dire que le couple est formé à la fin du volume alors qu'en général c'est la trame principale d'une série du genre et dure bien souvent jusqu'au dernier tome après une tonne d’égarements.

Ce premier tome démontre dès le départ que KareKano est une série unique et pleine de charme. Un casting hors norme pour un shojo qui évite joyeusement les clichés les plus ringards du genre. Ce premier tome apporte un sentiment de fraîcheur et s’annonce comme indispensable pour tous les amateurs de shojos ce qui ne doit pas au passage empêcher les autres de s’y essayer. On regrettera au final que seul le dessin soit d’un classicisme certain. Il faut quand même dénoter que même si ce tome est sympathique, il ne représente véritablement qu’un prélude et n’est pas représentatif de la suite. Pour ma part je suis fan de cette série qui se lit et se relit avec bonheur. J’ai essayé de rester le plus objectif possible malgré cela, je ne peux qu’espérer que la série marche bien pour que la (sublime) version animé sorte enfin chez nous tant elle est aussi excellente, voir meilleure encore. Dans tous les cas, KareKano fait partie des séries à ne rater sous aucun prétexte, un petit bijou tout simplement.