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Critique Ikebukuro West Gate Park volume 3

Dan Bluesummers
Ikebukuro West Gate Park #3
Date de sortie : 24 mars 05
Prix : 8.50 €
Note du volume 3 :
A Ikebukuro, quartier populaire de Tôkyô, les ennuis s’enchaînent mais ne se ressemblent pas. Dans ce troisième tome d’Ikebukuro West Gate Park s’achève l’histoire consacrée à la jeune Chiaki, et nous nous intéressons directement à un autre point sombre de ce quartier. Le « Jardin des Fées » est un site de voyeurs, et l’une des filles, Asumi, se fait harceler par un internaute; alors Shô Kaiyama, la personne qui la recrutée et qui en est amoureux, fait appel à son ami d’enfance Makoto pour régler le problème.

Scénario

Le scénario de ce seinen manga est particulièrement étonnant et réussi. L’histoire racontée est dure, cruelle, mais c’est fait de manière dynamique et enthousiasmante, d’une manière telle que nous sommes angoissés et divertis à la fois. A la lecture, nous ne ressentons ni longueurs ni lourdeurs, tout s’enchaîne avec brio, de manière rapide et survoltée mais toujours maîtrisée. Le synopsis est construit de manière intelligente, il parle de problèmes graves et de personnages somme toute plutôt dérangés d’un point de vue humain. Par exemple, Asumi vend son corps, mais pas son âme (« Asumi est une poupée »), et pourtant elle n’est pas introduite comme une femme de rien, une personne sans fierté ni règles, au contraire, elle s’est imposée un certain nombre de limites et ne les dépasse jamais. Tout cela pour dire que le scénariste, Ira Ishida, pose toujours un œil frais, humain, et réfléchi (bien que parfois troublant) sur la jeunesse tokyoïte et leur vie totalement folle et chamboulée.

Graphisme

Le coup de crayon de Sena Aritô est particulièrement souple, spontané, arrondi et joue à merveille avec les contrastes entre le noir et le blanc. Ces traits ronds dégagent une certaine fraîcheur et confèrent à l’œuvre une image qui ne correspond pas forcément à l’histoire. Et pourtant, le dessin y convient parfaitement, à travers ce trait aéré et fin, le dessinateur arrive à instaurer l’ambiance désirée, avec des tracés qui se durcissent lors des moments durs et dérangeants, et des planches pleines de vie et de joie lors des passages plus calmes. Le dessinateur retranscrit avec talent les sentiments, l’état dans lequel se trouvent les personnages, tantôt apeurés, tantôt soulagés. Bref, sous cet air anodin, le graphisme cache une grande force qui sait se faire ressentir en temps voulu et ainsi guider le lecteur. En effet, le lecteur est mené par une mise en page fluide, une narration extrêmement rapide et un dessin qui touche par son expressivité et la maestria de l’auteur à exprimer les sentiments, via diverses positions et expressions faciales.

Ambiance

L’ambiance d’Ikebukuro West Gate Park est particulièrement fascinante puisqu’elle nous entraîne dans un quartier japonais, et traite de problèmes réels sur un ton parfois réaliste et parfois plus décalé. Certains lecteurs se retrouvent perdus, ne sachant pas comment comprendre l’histoire, car il faut bien avouer que nous ne sommes pas habitués à ce type de traitement. Néanmoins, le fait que deux extrêmités opposées (le côté réel et l’aspect plus déjanté) se côtoient en permanence donne un charme fou à cette bande dessinée et quelque chose de vraiment unique. Les auteurs se complètent, et à deux réussissent à mélanger les genres, et à faire un savant assemblage d’érotisme, de thriller et de réflexion sur la condition de ces adolescents. Déstabilisante, l’atmosphère de cette œuvre n’en est pas moins réussie et particulièrement prenante.

Personnages

Quant à la palette de personnages, le constat est le même que pour les tomes précédents. Ils sont étonnants, parfois déstabilisants, mais aussi et surtout très humains. Les caractères semblent très caricaturaux au départ, lorsque nous rencontrons par exemple Shô, et au fil des pages ils gagnent en profondeur et s’avèrent intéressants et dignes d’intérêt. Nous finirons par Asumi, un protagoniste féminin vraiment surprenant. Nous ne savons pas grand chose d’elle, mais son caractère la rend attachante et nous ne pouvons accepter qu’elle se fasse harceler… L’agresseur est d’ailleurs haïssable au plus haut point, ce qui le rend vite ridicule et pitoyable, il montre de cette manière une autre facette (dérangée) de l’âme humaine.

Originalité

Par bien des aspects, ce titre est original. Rafraîchissant, il propose un scénario fou mais sur fond réaliste, un style graphique jeune et aéré et un quartier décrit de manière subtile et déstabilisante à la fois. Ce titre est une première sur le marché français et saura vous charmer pour les raisons citées quelques lignes plus haut; néanmoins, il est à réserver à un public adulte ou au moins assez mature pour faire la part des choses et ne pas tout prendre au premier degré. Pour apprécier la série à sa juste valeur, il est nécessaire d’en accepter la folie et la démesure, mais aussi le fait que le ton soit parfois plus sec et réaliste.

Avec l’œuvre d’Ira Ishida et de Sena Aritô, nous n’avons pas le temps de nous ennuyer, il n’y a aucun temps mort, l’action est omniprésente sans que la réflexion soit laissée de côté. C’est un subtil pot-pourri qui réunit plusieurs genres tout en gardant une cohérence certaine. Proposé par Asuka, Ikebukuro West Gate Park pourrait bien devenir un titre important sur le marché du manga en France. Dans tous les cas, nous suivons cette série avec un intérêt non dissimulé et y trouvons toujours un petit quelque chose en plus qui fait qu’à chaque tome, elle se démarque du lot et nous permet de passer un très agréable moment.

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