Scénario

Portant son travail sur la place du sexe dans la société nippone, Kashiwagi Haruko, avec Initiation, est toujours parvenue à éviter de tomber dans la pornographie et dans la gratuité. Elle y a toujours posé un regard intéressant, en exposant tous les faits et sans jamais critiquer ni juger les différentes pratiques décrites.
Ce dernier tome m’a semblé légèrement moins subtil et moins intelligemment écrit que les précédents. Ne vous méprenez pas, il n’est pas mauvais, loin de là même. Seulement, il m’est apparu comme moins profond car plus prévisible et ayant une certaine tendance à tomber dans la facilité. Cependant, cette tendance peut s’expliquer par le fait que l’attirance physique est désormais à son comble (grâce à l’ambiance plus que favorable de la fête) et qu’Aiura a fini par s’adapter aux rites peu communs de ce village. En effet, dans les premiers albums, un sentiment de doute et de culpabilité résidait en lui lors de l’acte, encore habitué à exprimer ses sentiments de manière totalement différente. Cette fois-ci, en traversant le village lors de la fête, son côté bestial – comme celui de tous les habitants de Kebigasawa – s’est réveillé.

Graphisme

Le tracé de l’auteur, toujours aussi souple et arrondi, est extrêmement charmant, attachant et bien plus maîtrisé qu’au début de l’histoire. Effectivement, la majeure amélioration, à mon sens en tout cas, se trouve au niveau du relief. Dans les premiers numéros de la série, les décors étaient déjà très réussis mais les personnages paraissaient quelque peu plats, graphiquement parlant. Au fil des chapitres, elle a su leur donner un certain relief et ainsi leur insuffler plus de vie. Autrement, l’usage des trames est toujours aussi réussi, l’artiste parvient toujours à éviter la froideur qu’elles peuvent exprimer lorsqu’elles sont mal utilisées, et les scènes de sexe sont plus explicites qu’auparavant. Mais ce dernier point rejoint ce que j’ai exprimé dans la partie « scénario » : la bestialité s’exprime dans l’histoire par moins de retenu et de subtilité, et au niveau de l’image par des scènes décrites plus longuement et plus explicitement.

Au final, Initiation s’avère être une bonne lecture, intelligente et maîtrisée malgré un certain relâchement dans ce dernier volume. Mais, encore une fois, il s’agit d’un relâchement tout à fait explicable qui sert, en fait, le scénario. Le dénouement est, toutefois, assez prévisible mais a le mérite de terminer la série en beauté. A quand la prochaine œuvre de l’artiste en France ? Hanazono Merry-Go-Round © 2002 by Kashiwagi Haruko / Shogakukan Inc., Tôkyô.