Très intelligent et réfléchi, le scénario de Parasite m'a captivé durant les dix volumes que comporte cette série. A la fois profond de par sa réflexion sur l'homme et sa place dans la nature, et divertissant du fait de ses scènes d'action et ses intrigues palpitantes, il propose donc une lecture à deux niveaux.
Une histoire qui aura comporté des scènes très fortes, mémorablement cultes (si si) pour certaines, et qui s'achève d'une très belle et émouvante manière, sur un dernier rebondissement plutôt surprenant. La fin est arrivée au moment opportun, sans rien brusquer, et pour une fois toutes les intrigues auront été exploitées.
Un style qui en rebute certains de par son côté "vieillot" sur certains points. Toutefois, la forme est réellement adaptée au fond, et ce style si particulier aux contours épais, aux personnages affichant des expressions de visage particulières, au cadrage simple mais efficace, est un modèle de dynamisme et de clarté. Ce qui saute au yeux dans les scènes d'action où lignes de vitesse, découpage et plans ingénieux se mêlent pour donner un résultat très immersif.
Signalons pour finir un détail important : l'oeuvre sera restée homogène graphiquement du début à la fin, ce qui pour une oeuvre s'étendant sur plusieurs années, est assez rare pour être souligné.
On ne rigole pas dans Parasite : ambiance sombre et assez gore pour ce dernier tome. Ce qui ne change pas tellement des habitudes, me direz-vous. Seulement, l'humour qui caractérisait les débuts de la série se fait ici absent, pour créer une atmosphère plus mélancolique et pesante.
Du bon boulot de la part d'Iwaaki.
Parasite propose une galerie de personnages marquants et atypiques, qu'ils soient humains ou non.
Shin'ichi, héros (magré lui, dirais-je) de cette histoire, est un personnage intéressant et torturé par son état physique et ses tourments psychiques, qui évolue vraiment au cours de la série.
Migy, organisme parasitaire de la main droite de notre héros, est doté d'un sang froid à tout épreuve, et d'une capacité d'adaptation fascinante. Sa confrontion avec les pensées humaines l'amènera à changer, et à comprendre ce qui fait le propre de ces créatures égocentriques...
Et n'oublions pas le très troublant maire d'Higashifukuyama, Uragami le psychopathe, ou l'étonnante Tamura Reiko.
Même la très cruche Satomi finit par devenir plutôt attachante.
Sans nul doute l'un des points forts de la série.
Les bases de l'oeuvre ont beau être communes avec celles de Devilman, Parasite s'en détache par son ton résolument plus optimiste et moins apocalyptique que l'oeuvre de Nagai, qui s'engouffre de son côté dans la noirceur et le pessimisme.
La parenthèse devilmanienne refermée, que propose Parasite qui ne se retrouve pas ailleurs ? Et bien un style graphique unique, un scénario plutôt original et souvent surprenant, des personnages atypiques en la présence de Migy, le maire ou Uragami,...
Un manga qui se démarque assurément du reste de la production.
C'est la fin d'une oeuvre, et c'est avec un sentiment de satisfaction que se tourne la dernière page de Parasite. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la série d'Hitoshi Iwaaki aura tenu ses promesses, captivé et entraîné à la réflexion de nombreux lecteurs, et que la fin est vraiment réussie. Un seinen qui ne touchera pas tous les publics, mais qui mérite d'être découvert. Mangez-en !