Sakka se décide à nous éditer l'œuvre d'un auteur coup de poing, connu en France pour son manga Ki Itchi édité chez Delcourt, et énormément plébiscité de par sa qualité, tant sur le plan narratif que sur le plan de la réflexion. Ainsi, Hideki Arai, habitué à publier des œuvres qui « rentrent dans le tas » a-t-il réussi à faire aussi bien dans The World Is Mine (TWIM) que dans Ki Itchi ? Ouvrons ce premier volume, et allons-y. Qu'en est-il donc réellement ? A vrai dire… Oui, en effet, ce manga est une bombe. On assiste à une débauche de non sens, d'actes peu moraux (viols, actes terroristes), se déroulant dans une société Japonaise totalement repliée sur elle-même et portant en elle la gangrène dirais-je. En effet, l'auteur ne se gêne pas pour la critiquer, en nous montrant ses entités bien pensantes (cf. le passage au restaurant avec le sumo) tenir des propos ou des réflexions complètement absurdes, dénués d'intérêt, complètement aseptisés. Et voici un monde, pourri si j'ose dire, dans lequel doivent s'aventurer deux anti-héros, aux caractères complètement antagonistes, mais qu'une conviction réunit : « détruire cette société ». Suffocant à l'intérieur de celle-ci, ils perpétuent ainsi leurs actes terroristes. Est-ce vraiment ce que l'on comprend à la lecture de ce premier tome ? A vrai dire, sans un minimum de recul, si on lit cette œuvre de la même manière qu'on lirait un tome de Naruto par exemple (n'y voyez là rien de péjoratif), alors il nous apparaîtrait nul, vide, absurde. Car on assiste surtout à un enchaînement de chapitres n'ayant que très peu de liens entre eux (ce n'est que vers la fin du tome que j'ai pu faire un rapprochement entre les différentes parties). Malheureusement, l'auteur ne propose pas de fil conducteur clair. On n'a pas vraiment de situation initiale, pas vraiment de marche à suivre pour nos deux protagonistes. J'en viens ainsi, après avoir terminé ma lecture, à regretter que tout n'ait pas plus de sens. Le sens nous vient au fur et à mesure de l'enchaînement de situations absurdes, certes, mais… Il y a comme un goût de violence gratuite qui intrigue, mais aussi inquiète. Cependant, le second tome devrait apporter plus de réponses : « pourquoi agir ainsi ? », « est-ce vraiment une critique de la société intelligente ? », « où l'auteur veut-il nous mener ? ». Pour en revenir à des considérations plus terre-à -terre, le manga me paraît assez bien adapté, peut-être deux ou trois soucis d'impression, mais ils sont sûrement corrigés dans le commerce. Le dessin, quant à lui, ainsi que le découpage de l'auteur, sont très convaincants, et nous maintiennent en haleine durant notre lecture. Arai a su donc se montrer efficace dans une œuvre parue au Japon avant Ki Itchi, et très fidèle à sa manière de raconter des « histoires ». Pour conclure, fort, dérangeant, mais énigmatique, ce premier volume est une entrée en matière peut-être trop troublante pour attirer le lecteur, mais la suite risquant sûrement de « déblayer le terrain », elle promet d'être assez intéressante. Réponse au prochain tome.