Basilisk prend place en 1614 et semble afficher tout de suite une relation forte avec l'histoire du Japon avec la mise en avant de Tokugawa Ieyasu, Hanzô Hattori et Munenori Yagyû. Toutefois, malgré ce début mettant en avant ces personnages historiques relativement marquant, le manga se détache de toute volonté de réalisme et on s'en rend compte très vite avec un combat d'ouverture centré sur les techniques des ninjas. En effet, ces combats prennent vite une allure fantastique avec des techniques extraordinaires et inhumaines sur bien des aspects. De nombreux personnages tiennent d'ailleurs des physiques vraiment particuliers voir repoussant, plus proche d'animaux que d'êtres humains. Ce point là risque d'ailleurs de soulever bien des avis divergents. Il faut avouer que le style graphique des personnages est assez particulier et diffère beaucoup d'un personnage à l'autre. Si le dessin de Masaki Segawa est très réussi, son style est aussi très spécial et peut plaire autant que répugner. Certains personnages laissent vraiment une drôle d'impression comme justement Tokugawa Ieyasu qui affiche un portrait très bien détaillé mais aussi repoussant. Cela se retrouve aussi dans bon nombre d'autres personnages avec une qualité de travail qui varie mais beaucoup partagent une certaine forme de difformité plus ou moins bien mise en avant. Un choix clairement assumé par l'auteur et réussit, dans l'ensemble mais qui, comme je l'ai dit, ne plaira clairement pas à tous, loin de là . Bien sur, tous les personnages sont loin d'êtres repoussants, bien au contraire et notamment le couple principal, Gennosuke et Oboro. Le graphisme sera tout de même, le premier facteur qui nous fera apprécier ou pas les personnages car le scénario n'aide pas trop à ce niveau là pour le moment. L'histoire évolue très vite et mêle à la fois combats hors normes et tentatives de manipulation, l'un des clans tentant à tout prix que la décision de guerre soit transmise à leurs rivaux afin d'avoir l'avantage sur eux. Les morts pleuvent très rapidement, surtout dans un camp. Il est un peu dommage qu'à ce niveau là , on ait pas forcément le temps de s'attacher aux personnages qui disparaissent rapidement. Seule exception, des deux leaders du clan qui ne sont pas présents longtemps mais démontrent bien la tragédie qui frappe leurs clans. Les autres "meurent" (on peut enfin mettre un doute sur certaines morts vu la capacité de certains à se relever) presque aussi rapidement qu'ils ont été présentés et hormis leurs pouvoirs et noms, on ne saura jamais rien de plus les concernant. Certaines personnalités commencent tout de même à se dégager comme le couple de héros Gennosuke et Oboro, encore ignorants de la situation, mais aussi Tenzen Yakushiji, un personnage machiavélique et visiblement ambitieux. Ajoutons à cela Jôsuke Udono, personnage débonnaire et relativement sympathique. Néanmoins, cela reste au stade de la supposition car aucun personnage ne se distingue vraiment et ne marque efficacement l'intrigue. Ce premier tome nous présente donc avant tout l'intrigue. On plonge très vite dans les prémices du conflit, surtout au désavantage d'un des deux clans. Néanmoins, il est encore dur de juger le récit et ses personnages car l'ensemble n'est pas encore très développé et, bien que le concept soit intéressant et plutôt bien amené et raconté, certains clichés habitent le récit. Déjà le couple de héros avec Oboro, une héroïne qui bien qu'héritière d'un clan de ninjas réputés ne sait pas se battre et s'annonce plus comme un boulet pleurnichard (ce qu'elle fait déjà ) tout en incarnant la figure innocente de la jeune fille. J'espère me tromper lourdement sur ce point et que l'auteur nous réserve des surprises à son propos mais j'en doute. Gennosuke, quand à lui, fait office de beau gosse et si ses capacités ne sont pas mises en avant, s'annonce certainement comme un combattant d'exception. Il est toujours rare de pouvoir représenter la valeur d'une série sur un premier tome et c'est encore ici le cas. Basilisk commence pour le moment relativement bien mais sans être spécialement passionnant ni particulier malgré un concept intéressant qui rappelle très légèrement celui de Battle Royale (même si les règles n'ont rien à voir du tout, ni le contexte). Il faudra attendre le tome 2 voir 3 pour jauger de la qualité globale de cette série mais les amateurs de récits sur les ninjas à la recherche d'un récit plus sombre, mature et qui sauront apprécier le graphisme différent de Segawa devraient apprécier le résultat.