Le scénario avance lentement et il semblerait que nous sommes entrés dans une phase de transition. Chonchu, enfant des ténèbres, semble finalement avoir trouvé des gens qui ne le craignent pas; il reprend goût à la vie et ce tome, bien plus léger que les deux précédents, donne un souffle nouveau à la série. Très peu de combats donc et une ambiance agréable se dégagent de ce volume qui, à mon humble avis, marque un tournant dans la vie du fils du démon.
Décidément, Chonchu s'affirme comme l'un des modèles graphiques du manhwa. En effet, avec Redrum 327 (de Ko Ya Sung chez Asuka), il est l'un des styles les plus maîtrisés et réussis. Kim Byungjin a atteint une certaine maturité au fil des tomes, et nous le ressentons clairement à la double page 142-143. Les personnages sont tous toujours aussi bien taillés et nous découvrons ainsi l'incroyable travail effectué sur les mouvements, pour rendre la position de chaque membre et la contraction de chaque muscle de manière réaliste. Le coup de crayon du dessinateur, très fouillis et doté d'une abondante utilisation de la trame, laisse transparaître la violence de ce monde. Chaque page est une réussite, de plus, le cadrage est dynamique et percutant.
Ambiance post-apocalyptique dans cette galerie souterraine, mais le tout allégé par la bonne volonté des protagonistes qui ont décidé de s'entraider et de sauver les blessés. Ce dixième tome de Chonchu est moins dur psychologiquement que les précédents (spécialement les deux derniers qui montraient à quel point certains gardes étaient horrible. Ce tome de transition assez agréable nous montre tout de même les voies que va prendre l'histoire dans les futurs volumes.
Nous nous intéressons surtout à Chonchu, Samirang et Hyunwuk dans ce tome. L’amitié entre Chonchu et Hyunwuk semble révolue, mais aucun des deux n’est décidé à abandonner l’autre et ils se questionnent sur le pourquoi de leurs réactions.
Chonchu trouvera un sens à son existence de violence et de guerre et sourira enfin.
Samirang, la jeune femme qui s’occupe des Habaeks, n’est pas convaincue par le fil su démon et continuera à combattre selon ses principes et pour son pays.
Nous observons également un Hyunwuk désemparé, en proie à la fatigue et au questionnement sur les sentiments et autres choses essentielles. Ce personnage qui semblait au départ être un simple "méchant" sans intérêt s’avère être un personnage ambigu et intéressant.
Si la série en elle-même n'est pas particulièrement originale, elle échappe aux archétypes, stéréotypes et autres. Les thèmes abordés ont été maintes fois vus. Néanmoins Chonchu arrive à convaincre et à intéresser le lecteur grâce à des personnages excellents, un dessin particulièrement bon qui dégage une violence et une force peu commune, ainsi qu'un découpage des plus réussis. Le scénario est aussi de bonne facture, très cohérent et entraînant, sans pour autant être d'une grande originalité.
Ce dixième tome peut-être moins entraînant que les autres se lit toujours aussi vite et avec autant d’intérêt. La psychologie de certains personnages se creuse et le décor est planté pour les volumes à venir. Chonchu est un titre excellent, sûrement le meilleur de l’éditeur Tokebi, qui possède une grande maturité graphique et une histoire réussie qui sauront vous captiver. Le duo Kim Sungjae et Byungjin n’a pas fini de nous étonner.